Nous sommes en juin 1940, l’alliance Franco-Anglaise vient de s’effondrer face à la « Blitzkrieg », menée par les troupes de la Wehrmacht, à l’idée d’Adolf Hitler — et que Poutine a tenté d’imiter sans succès en Ukraine en février 2022.
La logistique allemande était parfaite et son équipement ultra-moderne, aussi ses choix tactiques. En face, il y eut beaucoup de courage et beaucoup de morts (100 000 militaires français, qui ont souvent protégé la fuite des anglais vers leur île), à la différence de ce qu’on nous a longtemps laissé croire…
On ne doit pas cet écrasement brutal à la lâcheté des soldats français ou anglais, mais à l’impéritie de leur commandement — auquel échappait le colonel De Gaulle, nommé général après sa victoire contre les panzers nazis, grâce à la division blindée dont il avait vainement prôné l’armement, lors de la contre-offensive de Montcornet.
Quant à l’ignominie politique assumé par le gâteux maréchal Pétain (déjà l’inventeur de la décimation — on tue un déserteur sur dix — lors de la précédente boucherie de 14-18), la signature avec Hitler de l’armistice à ses strictes conditions humiliantes, envoie De Gaulle à Londres afin de continuer le combat contre un fantoche allié des nazis, puis livre à l’armée allemande des centaines de milliers de soldats français prisonniers sans combattre, en vain.
Nous sommes donc à Brest en juin 1940 ; mon grand-père y est mobilisé puisque ayant servi quinze ans plus tôt la France en tant que jeune marin (comme moi soixante-cinq ans plus tard, il y a des traditions de famille…)
Après l’armistice, il est donc enfermé par l’armée allemande à la prison-bagne de Pontaniou, dans l’Arsenal. Il est destiné comme énormément de soldats français de cette armée défaite, à partir pour un Stalag, un camps de prisonniers en Allemagne.
Alors, sa femme et leur petite fille de sept ans et demi, Monette, ont décidé de se rendre à Brest, à 80 km de leur bourgade celtique, afin d’y revoir pour une dernière fois peut-être, leur père et mari, dans la prison militaire.
Arrivées sur place, il y a beaucoup d’émotion qui filtre au travers des barreaux de la cellule où se trouve enfermé leur homme. Un gradé « boche » est en tain de regarder la scène ; il se rapproche et s’exprime en français soudainement :
« Moi, petite fille pareille en Allemagne »
Il sort un trousseau de clés, fait tourner celle de la porte de la cellule et l’ouvre, un signe de tête.
« Geh raus ! Rentrez chez vous ! »
Monette et ses parents rentreront 80 km plus au sud, dans leur foyer finistérien, traverseront les cinq années de guerre unis, grâce à ce soldat francophone et peut-être un peu francophile, et dont la petite fille allemande devait ressembler à cette petite bretonne…
En janvier 1943, une petite sœur allait naître appelée Marie-Suzanne, et feu ma mère.
Alors, il me semble que sans l’histoire de Monette et de ce militaire allemand dans la prison, je ne serais qu’un vague impensé, l’ombre d’un possible.
À Monette, 90 ans, ma tante et marraine